Pourquoi choisir la société de tir de Thaon les Vosges ?
Peut-être pour son histoire : Jugez par vous-même.
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1ere Partie
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Nous venons de voir, dans la première partie de l’histoire de la Société de tir de Thaon les Vosges, que l’ouverture de ce nouveau stand de tir a marqué un véritable tournant dans l’histoire du tir Thaonnais. Les civils y vinrent en très grand nombre. Cette volonté d’apprentissage et de pratique du tir était largement soutenue par les pouvoirs publics. Un petit retour en arrière s’impose pour mieux comprendre dans quel état d’esprit se trouvaient nos aînés. |
1) La défaite de 1870 |
La défaite de 1870 contre les Prussiens a profondément marqué les consciences et les cœurs. Le désir d’effacer cette humiliation et l’esprit revanchard de cette époque amèneront un fort sentiment de patriotisme. |
Devenue région frontalière, suite à la perte de l’Alsace et d’une partie de la Lorraine, les Vosges qui possédaient déjà une tradition patriotique bien ancrée s’impliqueront tout particulièrement dans cette volonté d’entretenir la flamme de la revanche.
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Devant un tel accroissement de la puissance militaire, soutenu par le patriotisme omniprésent, le Ministère de l'Intérieur, en 1885, émit une circulaire visant à régir les sociétés de tir. Ces sociétés étaient de trois types: -349 sociétés civiles. L’image de puissance que l’armée projetait sur le peuple Français contribuera à l’ouverture d’une étonnante page d’histoire. Cette page pourrait nous paraître complètement invraisemblable aujourd’hui, mais il en était tout autrement à cette époque où le mot honneur s’écrivait avec un grand H. |
2) Des fusils dans les cours d’écoles primaires. |
La loi du 28 mars 1882 met la gymnastique et les exercices militaires au nombre des matières d’enseignement des écoles primaires publiques de garçons. Le décret du 6 juillet 1882 de Paul BERT, alors ministère de l'instruction publique, et qui reconnait l’existence légale des bataillons scolaires précise que ‘Tout établissement public d’instruction primaire ou secondaire ou toute réunion |
Images d’Epinal |
d’écoles publiques comptant de deux cents à six cents élèves, âgés de douze ans et au-dessus pourra, sous le nom de bataillon scolaire, rassembler ses élèves pour les exercices militaires pendant toute la durée de leur séjour dans les établissements d’instruction…Le bataillon scolaire ne pourra être armé que de fusils conformes à un modèle adopté par le Ministre de la Guerre…’’ |
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L'union des sociétés de tir crée en 1886 donnera une grande impulsion au tir dans les écoles primaires en liaison avec les services du ministère de l'instruction publique et ceux de la guerre. Une méthode d'enseignement sera largement diffusée par le ministère de l'instruction publique dans les écoles françaises.
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En 1886, année où on enregistre les effectifs les plus élevés, 146 bataillons sont constitués ; 49 départements sur 87 ont un ou plusieurs bataillons ; 43 326 élèves sont incorporés dans ces bataillons.
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Blondel, dans son rapport au conseil municipal de Paris au nom de la commission d’éducation militaire, exprime parfaitement la situation : « C’est une institution à la fois puérile et dangereuse que les bataillons scolaires. Puérile, parce qu’en forçant les enfants à jouer au soldat, elle n’aboutissait qu’à former au prix de sacrifices relativement considérables de ridicules automates. Dangereuse, parce qu’elle les éloignait des exercices corporels propres à favoriser la croissance et à préparer à l’armée des éléments forts et musclés». |
En 1892, le successeur de Paul BERT, Léon BOURGEOIS plus pacifiste et soutenu par une part de l'opinion et même de l'armée dont certains cadres critiquent cette formation considérée comme une mauvaise copie de la vraie. M. Léon Bourgeois, (prix Nobel de la paix en 1920).
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Thaon ne sera, à priori, pas mis en marge de cet élan Patriotique si l’on en juge le décompte des effectifs de la Société Mixte de Tir envoyé par M. LEDERLIN à la Préfecture en 1886 : Effectif total 230 personnes dont 3 Officiers, 160 réservistes et territoriaux, 27 civils de 17 à 45 ans, 42 civils au-dessus de 45 ans et, 25 élèves des écoles primaires de 14 à 17 ans. [27] |
Ce système d’éducation ne sera pas plus délaissé pour les jeunes Thaonnais. |
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3) Retour au stand de l’eau blanche. |
Dès son inauguration, ce nouveau stand dits de ‘’l’eau blanche’’ est considéré comme une pleine réussite. Les réservistes ou territoriaux peuvent s’entrainer en dehors de leur période sous les drapeaux et les simples civils peuvent acquérir les bases de la pratique du tir avant leur incorporation dans l’armée. |
Très vite, la vie du stand sera rythmée par les entrainements et les concours fédéraux. Extrait d’une lettre de M. le Maire, M. Paul LEDERLIN, à M. le Préfet en date du 4 juillet 1903 [30] : (photo ci-contre prise le 13 septembre 1903)
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Ces concours étaient nombreux et richement dotés |
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26eme concours national de tir de Belfort en 1923 (Bronze)
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Breloques (à gauche) et médailles (à droite) en bronze du 13ème concours national et international de tir lors de la 6ème fête annuelle de Nancy en 1906
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A signaler que toutes les Sociétés de tir bénéficièrent d’un allié de choix en la personne de M. Pierre de COUBERTIN.
Gauche et droite : M. Pierre de COUBERTIN [31]
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De sa création jusqu’à la deuxième guerre mondiale, la ferveur pour la société de tir de Thaon et pour son nouveau stand fut exemplaire.
Enfin, c’est une des Société de tir les plus sérieuses et les plus importantes du département des Vosges.’’ [32]
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4) Société ‘’Jeunesse Républicaine’’ |
A partir de 1913 et jusqu’en 1914, apparaissent dans les archives toute une série de courriers concernant une Société de préparation Militaire baptisée ‘’Jeunesse Républicaine’’. Ces échanges de courriers entre la Préfecture d’Epinal et le Ministre de l’intérieur font état de demandes de subventions pour cette Société de Thaon les Vosges. Sur l’une de ces lettres, en date du 14 janvier 1914, nous apprenons qu’elle dispose de 54 membres honoraires et 91 membres actifs. [34] Toutes les activités civiles et militaires de la Société de Tir, comme de toutes les Sociétés de France et d’ailleurs, s’arrêteront brutalement du fait de la guerre 14 18. |
5) L'après 1918 |
Lors de la réunion de reprise du 17 septembre 1920, M. BANZET, Président de La Société de tir, propose de rendre un hommage aux sociétaires tombés au champ d’honneur |
BANZET Daniel, BANZET Paul, BERGUER Joseph, CHOSEROT Charles, GERARDIN Marcel, GADAULT Emile, HAMM Marcel, HAILLANT Charles, LUTHRINGER Edouard, LABROCHE Gustave, MARCHAL Camille, MOINEL Marcel, MATHIEN JB, PETER Joseph, POIROT Albert, PREVOT Jean, RESCH Jean, SIBILLE René, WILI Paul, WEBER Emile, WINKLER René. |
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La Société recevra une subvention de 2 000frs pour dommages de guerre. Celle-ci sera la bienvenue car nous pouvons lire dans le compte-rendu de cette même réunion : ‘’Construction du stand : La reconstruction du stand entrainera une dépense considérable, l’abri des marqueurs et la butte sont déjà réparés…’’ Il est également question d’installer des cibles électriques mais un doute subsiste sur leur fiabilité /… / qui pourrait occasionner des déboires pour les concours…’’ [36] Finalement, le stand sera de nouveau aménagé comme avant 1914 grâce à l’aide de la BTT. La distance de tir se fera à 200m au lieu de 250m et les activités ne reprendront réellement qu’en 1922. Cette année-là, il y aura néanmoins 114 inscriptions et 11 368 cartouches seront brulées. Modèle de cible adopté pour le tir à 200m en 1923 à Thaon=>
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Le 1er concours Fédéral d’après-guerre se déroulera à Thaon le 20 août 1922. Elle réunira 150 tireurs de 18 Sociétés. Thaon se classera 1ière. |
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Pendant ce temps, au niveau national, il était un signe évident de l’importance que l’on accordait alors aux Sociétés de tir : le Président de ‘’l’Union nationale des Sociétés de tir de France’’ qui s’appelait M. MERILLON Daniel, était Grand Officier de la Légion d’honneur, Président de ‘’l’Union Internationale de tir’’, ancien Président de l’union des Sociétés de Gymnastique de France et Président d’honneur de la Société de gymnastique et de tir de Bordeaux. Il était entouré d’un groupe de Présidents d’Honneurs qui n’aura jamais si bien porté ce nom puisqu’il ne s’agissait ni plus ni moins que de 3 Présidents de la République : celui en exercice à l’époque, M. MILLERAND, et deux de ces prédécesseurs M.M. FALLIERES et POINCARE [39] |
M. MERILLON Daniel
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M. MILLERAND Alexandre
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M. FALLIERES Armand
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M. POINCARE Raymond
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6) Les challenges inter-Société |
L’année 1923, lors de réunion du 19 juin, le bureau directeur décidera de la création d’un challenge inter-société qui aura lieu tous les ans entre toutes les Sociétés Thaonnaises. C’est là aussi une des grandes forces de cette Société : elle aura su être un vecteur de rassemblement pour l’ensemble des Associations Thaonnaise de l’époque. En 1983, il est envisagé que cette épreuve pourrait renaitre, mais faute d’un stand à 50 m, celui-ci se tirerait à 10 m en salle [40] En 1985, ce challenge aura bien lieu, mais il est certain qu’il ne restera pas dans les annales de l’histoire ‘’… nous avons relancé le challenge inter-société à la demande de plusieurs sections, mais depuis l’échec de février, nous |
nous posons la question QUI cela intéresse ? Nous le maintenons encore l’hiver prochain mais à vous de nous encourager… [41]. Quoiqu’il en soit, ce challenge continuera son petit bonhomme de chemin avec des hauts et des bas. Les bas nous venons de les voir, les hauts se situeront en 1994 avec un pic de 320 tireurs (contre 140 l’année d’avant) [42] |
7) Cinquantenaires de la Société |
A l’occasion de son cinquantenaire, la Société de tir fut chargée (après l’avoir elle-même demandé) d’organiser le concours annuel de la fédération des Ste de tir des Vosges. Si nous souhaitons trouver motifs à satisfaction au cours de ce concours, ce n’est pas tant au niveau des résultats qui faut chercher (ils furent moyens pour les Sociétaires Thaonnais) mais bien au niveau de l’organisation : de tout à chacun, elle fut exemplaire et les cérémonies furent grandioses. En ce dimanche 3 Août 1929, les rues étaient pavoisées, le défilé des 50 Sociétés avec ses 360 tireurs qui ne manqueront pas de saluer la mémoire des morts de 14/18 en passant devant le monument aux morts, fut applaudi par une foule des grands jours. La réception qui suivi, resta, elle aussi dans les mémoires. |
8) La préparation militaire |
Un des rôles primaire de cette Société est d’organiser la préparation militaire, ne s’appelle-t-elle pas ‘’Société mixte de tir et de préparation militaire’’. En cette année 1938, donc, les cours de préparation seront donnés par l’instructeur M. GUERRE G. auquel viendront prêter mains fortes M.M. CHEMISKY et SIMON, respectivement gendarme et brigadier de Gendarmerie de Thaon. <= Préparation militaire à une époque indéterminée Leur participation était motivée par le fait que le seul instructeur ne |
pouvait plus faire face seul au travail que représentait la formation de jeunes de plus en plus nombreux. [43] En cette année 1938, ils seront 63 jeunes à vouloir profiter de cette formation. Il faut dire que si Thaon avait un fort pourcentage de réussite dans l’obtention du fameux brevet, c’est bien grâce à la qualité de la formation qui y était dispensée. Cette démarche était, comme nous avons pu le voir précédemment, d’ailleurs fortement encouragée par le Ministère de la guerre et à un échelon plus proche de nous par les municipalités en place : toujours cet esprit de Patriotisme solidement ancré au fond de chacun. |
Des travaux seront encore lancés en 1939, à savoir l’installation de 3 cibles à 200m pour le tir au fusil GRAS retubé 5.5, de plus, le stand sera entièrement repeint et les escaliers et chemins menant à la butte seront également revus. Ces travaux ont été autorisés après que M. SEYMARD, Directeur Général des Etablissements GILLET THAON (nouveau propriétaire de la BTT) et Président d’Honneur de la Société de tir ait accordé le crédit nécessaire pour ces travaux. [44]. |
Le concours départemental de tir du 9 juillet 1939 verra pas moins de 88 délégations de 4 tireurs chacune s’affronter au fusil LEBEL à 200m et près de 30 délégations de 2 tireurs au révolver à 20m [46]. Au cours de la réception donnée en honneur aux autorités et aux nombreux Présidents présents, M. GUILLON, Conseiller Général et Maire de Thaon déclara :’’…Nous sommes fiers de vous recevoir car vous représentez l’élite des Français, de ceux qui n’ont cessé de considérer, depuis la fin de la dernière guerre, la préparation militaire et le tir comme les bases indispensable d’une force armée qui sera longtemps /… / le plus sur garant de nos libertés et de la paix’’. [47] Nous sommes en 1939, et ces deux dernières allaient rapidement être mises à mal… |
Fin de la deuxième partie |
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Remerciement : |
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Bibliographie, sources et crédits : |
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